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La scène musicale québécoise

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La scène musicale québécoise

Québec, musique et diversité

Le deuxième plus grand marché du monde pour les musiques francophones se trouve au Canada, et plus précisément au Québec. La vitalité culturelle et artistique de la Belle Province étonne par sa diversité : du rap du groupe Loco Locass à la Chanson plus traditionnelle de Daniel Bélanger, en passant par le folklore de La Bottine Souriante. Historiquement les poètes-chanteurs québécois ont joué un rôle fondamental dans l’émancipation de leur communauté : des noms comme Félix Leclerc ou Gilles Vigneault restent à jamais gravés dans l’imaginaire collectif. Ce militantisme se retrouve aussi chez les cousins francophones des autres provinces canadiennes : Édith Butler, le groupe 1755 ou Grand Dérangement nous rappellent que la dispersion du peuple acadien n’a pas détruit son identité, ni ses rêves.

La petite sélection que nous vous proposons n’est qu’une première étape pour partir à la découverte d’une scène musicale importante qui ne se résume pas à la chanteuse Céline Dion. Dans les années 1990, le succès des artistes francophones canadiens en France a permis à toute une scène de se régénérer : son influence a été décisive dans l’apparition d’une nouvelle génération d’auteurs-compositeurs. Les artistes qui suivent sont tous régulièrement programmés dans Francomix Radio :

Daniel Bélanger
Après avoir tenté l’expérience de la vie en groupe avec Humphrey Salade dès 1983, Daniel Bélanger choisit de s’exprimer en solo et sort « Les insomniaques s’amusent » (1993). Le public l’adopte immédiatement et plusieurs chansons s’imposent dans les médias. Il enchaîne alors les tournées et accumule les récompenses. Le second album « Quatre saisons dans le désordre » (1996) lui permet d’obtenir quatre prix Félix. L’album triple « Tricycle » (1997), enregistré en public, est édité en 1997. Daniel Bélanger continue de travailler et propose en 2001 l’incroyable « Rêver mieux » : ses compositions à la fois acoustiques et électroniques lui amènent la consécration avec sept Félix. « L’échec du matériel » (2007), plus sombre, confirme sa réputation d’expérimentateur sonore.
> Site officiel de Daniel Bélanger

Beau Dommage
Avec Harmonium, Beau Dommage est l’une des formations les importantes de la scène francophone des années 1970. Le groupe, composé de Pierre Bertrand, Marie-Michèle Desrosiers, Réal Desrosiers, Michel Hinton, Pierre Huet, Robert Léger et Michel Rivard, s’impose en 1974 avec l’énorme succès de « La complainte du phoque en Alaska ». Ces étudiants, fiers d’être québécois mais ouverts sur le monde, sont issus de la troupe de théâtre La Quenouille Bleue. Les albums « Où est passée la noce ? » (1975), « Un autre jour arrive en ville » (1976) et « Passagers » (1977) confirment leur talent et des tournées les amènent jusqu’en France ; mais les projets en solo se multiplient et Beau Dommage se dissout en 1978. Néanmoins le groupe continue de se réunir pour des concerts en 1984, en 1992 et en 1994. En guise de conclusion, le groupe propose en 1995 un double-album « Rideau » enregistré en public au Forum de Montréal.

Boule Noire
Mort le 18 juin 2007, Marc Thurston a marqué les pistes de danse des années 1970 et 1980. Auteur, compositeur et interprète, ce fan de R&B tente dès 1965 plusieurs expériences musicales avec les groupes Les Zinconnus et 25ème Régiment (connu pour leur reprise en français de « Venus » de Shocking Blue). Son premier album sous le pseudonyme de Boule Noire (en référence à sa coupe afro) date de 1976 : la chanson « Aimes-tu la vie » est un grand succès. Sa carrière disco est lancée et atteint son apogée en 1978 avec « Aimer d’amour » (réédité avec succès en 1990). Les tournées s’enchaînent au Canada et en Europe. Après la soul et le funk, il s’oriente vers le reggae en 1982 sous le nom de Zion Yant. Talentueux et polyvalent, il écrit aussi pour les autres et coproduit l’abum « Face à la musique » de Claude Dubois. Il continue de sortir des albums : « Le tour des îles » (1989), « Résolution » (1991), la compilation « Let it be » (1995) incluant ses propres versions de la célèbre chanson des Beatles ou encore l’album-bilan « Réunion » (2003). Entretemps Marc Thuston est devenu animateur sur la radio Rythme FM. Atteint d’un cancer incurable, il nous livre un dernier album intitulé « Last call... dernier rappel » en février 2006. Un adieu où la tristesse se mêle à la danse.
> Site officiel de Boule Noire

Dobacaracol
Lorsque Doriane Fabreg (Doba) et Carole Facal (Caracol) se rencontrent en 1998, elles ne savent pas encore qu’elles vont former le duo Dobacaracol : elles aiment toutes les deux les chants traditionnels et le rythme des percussions. Le duo décide alors de composer ses propres chansons et produit « Le calme-son » en 2001. La qualité de leurs voix les amène à accompagner de nombreux artistes en tant que choristes dans des tournées mondiales. Leur renommée arrive en 2004 avec l’album « Soley », produit par François Lalonde, arrangeur de Llasa. La chanson « Étrange » enthousiasme les critiques et le public. Elles participent ensuite au projet « Salut Joe ! » de Stefie Shock. En 2006 elles se chantent aux Francofolies de Montréal et entament une longue tournée. Dans la plupart de leurs concerts, elles reprennent la chanson « Plus rien ne m’étonne » de Tiken Jah Fakoly en hommage au peuple africain et à ses infuences sur l’oeuvre de Dobacaracol. En 2008, Caracol propose son propre album « L’arbre aux parfums » : nominé aux Juno Awards, il contient les chansons « Le mépris », « Tes larmes » et « L’amour est un tricheur ».
> Site officiel de Dobacaracol

La Bottine Souriante
Après une longe carrière qui a débuté en 1976 et après avoir vendu dans la Belle Province plus de 500 000 disques, La Bottine Souriante continue de proposer des albums où la musique traditionnelle fusionne avec la salsa, le swing et des sonorités celtiques. Les 9 musiciens ont monté en 1993 leur propre compagnie Les Productions Mille-Pattes LA SUITE

Robert Charlebois
Véritable superstar de la scène québécoise, Robert Charlebois est né le 25 juin 1944. Élu Révélation de l’année en 1965 pour son premier album, il attire un jeune public par son humour, ses arrangements modernes et ses textes en joual. « Lindberg », en duo avec Louise Forestier, est le grand succès de l’année 1968. Alors que le Québec est en plein bouleversement historique, cet anticonformiste séduit et s’exprime aussi bien sur la scène qu’au cinéma (dans le film de Sergio Leone « Un Génie, Deux Associés, Une Cloche »). En 1974, il chante aux côtés de Félix Leclerc et de Gilles Vigneault. La multitude de prix qu’il reçoit pour son oeuvre rappelle l’énorme influence de cet artiste sur plusieurs générations d’auteurs-compositeurs-interprêtes. « Ordinaire » ou encore « Je reviendrai à Montréal » (1976) sont devenus des grands classiques de la Chanson francophone internationale. Polyvalent et curieux, Charlebois décide aussi bien de se lancer dans l’industrie de la bière que dans l’écriture de l’opéra-rock « Cartier » (1993). En 2005, sa compilation « Tout écartillé » couronne 40 ans de carrière.
> Site officiel de Robert Charlebois

Gabrielle Destroismaisons
Gabrielle Destroismaisons n’a que 17 ans lorsque sort son premier album « Etc » (2000). Le succès est immédiat sur toutes les pistes de danses : « Et cetera » et « Folle folie » sont désormais des classiques. Elle obtient le Félix de la Révélation de l’année 2001. Luc Plamendon lui propose alors de rejoindre la troupe du spectacle Notre-Dame de Paris lors de la tournée québécoise. Elle continue de transmettre son énergie positive sur les deux deux albums suivants : « La vie qui danse » (2003) et « Gabrielle Destroismaisons » (2004) qui coïncide avec un changement de maison de disques. A partir de 2006, elle participe à la comédie musicale québécoise « Dracula - entre la vie et mort ».
> Site officiel de Gabrielle Destroismaisons

Harmonium
Dans les années 1970, un trio du nom d’Harmonium s’impose sur les radios avec un son folk et rock progressif. Serge Fiori, Michel Normandeau et Louis Valois composent cette formation qui sort un premier album en 1974. Avec « Les cinq saisons » (1975), ils augmentent leur notoriété et rassemblent des fans de plus en plus nombreux. Les médias aiment alors opposer leur public aux fans de Beau Dommage, l’autre grand groupe de l’époque. C’est avec « L’heptade » (1976) qu’Harmonium s’internationalise : après avoir conquis le Canada anglophone, le groupe, composé alors de 7 musiciens, entame une tournée de 110 dates aux États-Unis et en Europe (en première partie de Supertramp). La créativité des compositions et la voix de Serge Fiori enthousiasment les foules. L’un de ces concerts à Vancouver est enregistré en 1977 avant d’être édité en 1980 : il marque l’apogée d’une formation originale qui n’a malheureusement pas su résister au succès.

Karkwa
Formé en 1998, le groupe Karkwa se compose de Louis-Jean Cormier, Stéphane Bergeron, François Lafontaine, Martin Lamontagne et Julien Sagot. Ce groupe de rock alternatif a sorti trois albums : « Le pensionnat des établis » (2003), « Les tremblements s’immobilisent » (2005) produit avec Pierre Girard (collaborateur des Colocs) et surtout « Le volume du vent » (2008) qui leur permet d’obtenir le Félix du Meilleur Groupe de l’Année. Les chansons « Échapper au sort » et « Oublie pas » amènent souvent les critiques à les comparer à Radiohead.
> Site officiel de Karkwa

Félix Leclerc
La Francophonie linguistique a ses héros fondateurs. Un grand nombre d’entre eux sont des artistes qui ont réussi à faire connaître leur culture et leur communauté en dehors de leur pays d’origine : ils se nomment Jacques Brel, Edith Piaf ou encore Félix Leclerc. Pour les 400 ans de la fondation de la ville de Québec, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir le « Grand Félix ».
Né le 2 août 1914 à La Tuque dans une grande famille de 11 enfants, Félix Leclerc fait ses études à l’Université d’Ottawa puis devient animateur radio à partir de 1934. Il commence à écrire des scénarios, des pièces de théâtre et des chansons qu’il joue sur Radio Canada : sa première chanson « Notre sentier » date de 1939. LA SUITE

Jean Leloup
2009 est l’année du retour très attendu de Jean Leloup avec l’abum « Milles excuses Milady ». Le premier extrait s’intitule « La plus belle fille de la prison ». Mais qui est donc Jean Leloup (connu aussi sous son vrai nom Jean Leclerc ou celui de l’écrivain Massoud Al-Rachid) ? Un mélange de Bashung, Dutronc et Gainsbourg pour ce jeune homme qui a commencé sa carrière en 1985 en reprenant le rôle de Ziggy dans l’opéra rock « Starmania ». Jean Leloup sort ensuite les albums « Menteur » (1989), « L’amour est sans pitié » (1990), « Le dôme » (1996), « Les fourmis » (1998). LA SUITE

Les Colocs
Habitants la « Belle Province » du Québec, Les Colocs menés par feu » le chanteur Dédé Fortin ont, pendant quelques albums, proposé des compositions qui resteront parmi les grandes références de l’Histoire de la chanson francophone. LA SUITE

Les Cowboys Fringants
Karl Tremblay (chant), Jérôme Dupras (basse), Dominique Lebeau (percussions), Marie-Annick Lépine (violon, guitare) et Jean-François Pauzé (harmonica, guitare) forment l’un des meilleurs groupes francophones de ces dernières années : originaires de Rétigny au Québec, ils se sont imposés sur la scène rock militante. LA SUITE

Loco Locass
Formé en 1995, ce groupe-phare du hip hop québécois est formé de Batlam (Sébastien Ricard), Biz et Chafiik. Leurs textes engagés ne laissent pas insensibles : indépendantistes et militants, ils évoquent aussi l’altermondialisme, les discriminations, la frustration des milieux étudiants ou l’environnement. La sortie de leur premier album autoproduit « Manifestif » (2000) est couronné par l’obtention d’un prix Félix et la publication de leurs textes aux Éditions Coronet. Ils produisent alors un cédérom intéractif « In vivo » en 2003. L’album « Amour oral » (2004) remporte le Félix du Meilleur Album Hip Hop de l’année. Avec la chanson « Libérez-nous des Libéraux », ils s’attaquent au pouvoir et réussissent à s’imposer sur toutes les radios. Ils légitiment ainsi définitivement un courant musical qui avait démarré au début des années 1990, notamment avec le groupe M.R.F. (Mouvement Rap Francophone). En 2007, ils se joignent à Samian, un rappeur Algonquin, pour « La paix des braves ».
> Site officiel de Loco Locass

Ariane Moffatt
Née à Lévis en 1979, Ariane Moffatt fait partie de la nouvelle scène musicale d’artistes-compositeurs québécoise. Après une première tournée avec Daniel Bélanger, elle sort un premier album « Aquanaute » (2002) qui comporte le succès « Montréal », mis en musique sur un léger fond de reggae. Elle obtient en 2003 trois Félix LA SUITE

Stefie Shock
De son vrai nom Stéphane Caron, Stefie Schock est né à Montréal en 1969. Après avoir été DJ et journaliste, il entame une carrière musicale avec l’abum « Presque rien » (2000) enregistré en Angleterre : « Je combats le spleen » devient un refrain populaire. En 2001, Stefie Shock obtient le prix Québec-Wallonie-Bruxelles. Mais c’est avec « Le décor » (2003) qu’il s’impose avec des chansons comme « Tout le monde est triste », « Un homme à la mer » ou « Pas assez de toi » (reprise du groupe La Mano Negra). Influencé par Serge Gainsbourg pour la voix et attentif à la sonorité des mots, Stefie Schock aime mélanger les genres : chanson, rock, disco, world, jazz, électro, etc. Il est à l’origine du projet québécois « Salut Joe ! » consacré à Joe Dassin. Son goût pour le second degré se confirme dans l’album « Les vendredis » (2006) : entre désillusion et ironie, tel est le monde de Stefie.
> Site officiel de Stefie Schock

Fabienne Thibeault
De son vrai nom Fabienne Tremblay, cette artiste s’est faite remarquée dans les années 1970 par la qualité de sa voix. Chantant notamment avec Plume Latraverse, elle attire l’attention de Luc Plamandon qui lui propose le rôle de Marie-Jeanne dans Starmania. Elle attire aussitôt un public international avec des chansons comme « Le Monde est stone », « Un garçon pas comme les autres » ou encore « Les Uns contre les autres ». En 1979, Fabienne Thibeault obtient deux Félix : celui de la Découverte Féminine et celui de l’Interprète Féminine de l’année. Sa popularité la pousse à sortir plusieurs albums à succès au début des années 1980. Elle déménage en France en 1985 et enregistre avec Richard Cocciante la chanson « Question de feeling » (1987). Elle continue alors de composer pour de nombreux artistes tout en publiant des contes et des ouvrages sur l’histoire régionale française. Depuis trente ans, Fabienne Thibeault a imposé son originalité et sa forte personnalité en s’inspirant de la pensée de Voltaire : pour trouver le bonheur, « il faut cultiver son jardin ».

Gilles Vigneault
Né le 27 octobre 1928 à Natashquan, Gilles Vigneault est reconnu autant par son statut de poète national que de celui d’auteur-compositeur-interprête. Ses chansons, contes,... ont marqué l’imaginaire et le folklore québécois : sa chanson « Mon pays » (1966) - initialement écrite pour le film « La neige a fondu sur la Manicouagan » - en est le symbole. Avant d’être chansonnier, Vigneault a d’abord été directeur d’une troupe de thêatre, professeur de français et de mathématiques, animateur de télévision mais il a mis beaucoup de temps avant de se décider à chanter ses propres textes. En 1970, il reçoit en France le prix de l’Académie Charles Cros pour l’album « Du milieu du pont ». Profondément souverainiste, il n’hésite pas à s’engager politiquement aux côtés du Parti Québécois ; mais, en mai 1979, il est particulièrement affecté par l’échec du référendum pour une plus grande autonomie de la Belle Province. Après une longue pause, il repart chanter en France, en Belgique, en Suisse,... et continue de produire une œuvre considérable qui lui amène de multiples distinctions. Sa discographie regroupe une trentaine de disques. En 2006, Gilles Vigneault participe à l’album collectif « Félix Leclerc » et s’attache à l’écriture du nouvel album « Arriver chez soi » paru en 2008 : des titres comme « L’internaute » nous rappelle qu’il a toujours été jeune et en contact avec les réalités de sa communauté.

9 juin 2009

Olivier Marteau

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